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A l’Opéra de Paris, un Don Quichotte endiablé mené tambour battant

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Initialement créé en 1966, Don Quichotte constitua la troisième production de Noureev pour le Ballet de l’Opéra de Vienne, après le Lac des Cygnes et Tancredi. Ce ballet présente toutes les caractéristiques des grands classiques de Petipa, les scènes de pantomime désuètes en moins. Noureev n’a pas pour autant suivi le livret de Petipa à la lettre : le Chevalier à la triste figure et Sancho Pança ne font que traverser cette espagnolade où s’agitent des personnages pleins d’exubérance. L’intrigue est centrée sur les amours contrariées du barbier sans le sou Basilio et de la malicieuse Kitri, fille de l’aubergiste. Légère comme une bulle de champagne, elle n’a en fait que peu d’importance : Don Quichotte est un ballet destiné avant tout à mettre en valeur les danseurs de la compagnie, du quadrille à l’étoile.

Noureev a souhaité faire de Don Quichotte « quelque chose d’exubérant, plein de vie et de joie à regarder ». De fait, il a réglé une chorégraphie pleine de tempérament, nerveuse et sans aucun temps mort. Ce ballet allie prouesses techniques – dont on sait combien elles comptaient pour Noureev – et théâtralité exacerbée.

campe une merveilleuse Kitri, grâce à sa vitalité et son remarquable engagement dramatique. Si son entrée s’avère quelque peu décevante, sans éclat et sans panache, après quelques minutes elle se métamorphose, prend véritablement la mesure de son personnage et enflamme le plateau jusqu’à la fin du spectacle. Elle possède le ton juste et pétille d’espièglerie. Elle tourbillonne, pose, boude, s’amuse et se joue de toutes les difficultés techniques, faisant honneur à son titre d’étoile récemment acquis.

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S’il manque à le côté âpre du véritable Espagnol, son sens du comique, sa nonchalance et son côté moqueur en font un Basilio néanmoins très crédible. Sa technique solide lui permet d’assurer durant les variations toutes de tours et de sauts. Les mérites de ce danseur sont d’autant plus grands qu’il assure à lui tout seul douze représentations du ballet. Les deux partenaires forment un couple homogène, vif et attachant. Noureev a construit le premier acte du ballet comme une série de défis entre les deux personnages : elle effectue son entrée sur une variation très brillante, à laquelle Basilio répond avec un solo tout aussi impressionnant.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste. , en Reine des Dryades, brille par son autorité et son rayonnement. Elle a tout pour elle : l’élégance, la technique et la poésie. est un adorable Cupidon, toute de légèreté et d’espièglerie. incarne avec humour Gamache, homme riche et sot.

La chorégraphie est basée sur une judicieuse utilisation des ensembles. Les mérites de la compagnie sont évidents tout au long de la soirée. La scène des gitans, avec ses danses endiablées, viscérales et primitives, est l’une des meilleures. Celle de la « vision » de Don Quichotte, délicieusement romantique, constitue également une belle réussite.

Les décors, au charme ibérique très authentique, les fastueux costumes aux couleurs chatoyantes, et la partition rythmée de Minkus, complétée et remaniée par , apportent la touche finale à ce divertissement.

Si on peut reprocher au ballet quelques longueurs (notamment le prologue) et une naïveté qui frôle parfois la caricature, il constitue néanmoins une belle pièce de bravoure et représente « une école du dépassement de soi pour les danseurs », comme l’expliquait joliment la danseuse étoile Laëtitia Pujol il y a quelques années de cela.

Crédits photographiques: Ludmila Pagliero et Karl Paquette © Julien Benhamou / Opéra national de Paris


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